Déchets en Dracénie : Une association souhaite les réduire

L’Usine de La Redonne de Flayosc accueillait le 23 septembre 2023 une table ronde à l’initiative de la nouvelle association pour une gestion citoyenne des déchets en Dracénie. Faisant suite aux réunions organisées par la DPVa pour informer la population sur le projet de création d’un Pôle de Transition Environnemental (PTE), cette association est convaincue que des alternatives existent : Si les dracéniens produisent moins de déchets, la nécessité de ce PTE pourrait être remise en question.

Constituée de citoyens ainsi que d’élus de différentes communes de la Dracénie cette association est proche d’autres organisations agissant en faveur de l’environnement telles que Zero Déchet, Colibris, ou Attac, ou d’autres, plus politiques, comme la Confédération paysanne, EELV, LFI, NPA, le Parti communiste, Solidaires. Néanmoins, le collectif « Pour une gestion citoyenne des déchets en Dracénie » ne revendique aucune allégeance politique particulière.

Valérie Laurent, élue d’opposition à Vidauban, Caroline Crépin, membre de Zéro Déchet, Christophe Terras, professeur, et Axel Skora, étudiant, se sont succédés au micro tout au long de la soirée. Florent de Radio Cigaloun était en charge de modérer la table ronde et de donner la parole aux nombreuses personnes venues ce soir là. Et même si elle n’en est qu’à la phase de dépôt de ses statuts en préfecture, elle compte déjà plusieurs dizaines de sympathisants.

Laurent, représentant de la Redonne a ouvert le bal avec un historique de l’Usine flayosquaise. Alex Skora a ensuite présenté de nombreux chiffres et statistiques sur les déchets produits et traités en Dracénie ainsi qu’une première piste de valorisation des déchets organiques. Christophe Terras a poursuivi en présentant le projet du Pôle de Transition Environnemental, en faisant émerger les différentes zones d’ombres dont l’association se plaint : le site d’implantation, le budget, la structure juridique, le mode de combustion des pellets de combustible solide de récupération. Puis il a fait part du mutisme de la DPVa, de la municipalité ainsi que de la préfecture à toutes leurs sollicitations. S’en est suivi un exposé des différentes problématiques débattues au sein de l’association.

Ainsi il semble surprenant pour les membres le fait que la Dracénie ait lancé un appel d’offre auquel une seule entreprise à répondu. Il s’agit de la société Paprec. Cette société est en actionnaire à hauteur de 20% de la société Pizzorno, actuellement en charge de la collecte des déchets dans la communauté d’agglomération ainsi que du tri des emballages, du papier et du verre déposé dans les containers spéciaux. Cette proximité et cette unique réponse éveille quelques interrogations. D’autre part, l’association déplore la communication très partielle de la DPVa à propos du projet de PTE. Ainsi il n’y a pas d’information sur la SEMOP, ni sur le budget du projet. En revanche, des informations sont proposées sur sa force dans la valorisation et l’utilisation des déchets ménagers, d’abord convertis en CSR (Combustible Solide de Récupération), servant ensuite de matière première pour une chaudière alimentant un réseau de chaleur, ainsi que d’autres projets jugés assez fantaisistes par certains membres : co-génération d’hydrogène, aide à l’agriculture locale (NDLR : ces projets étaient déjà évoqués dans notre premier article sur la réunion publique sur le PTE qui s’était tenue à La Motte). En outre, l’association s’interroge sur la composition du CSR, suggérant même que le site de la DPVa pourrait mentir par omission en ne parlant que de bois et de papier, mais pas de tous les déchets de plastiques dont les pellets sont aussi constitués.

Autre sujet d’interrogation, la structure juridique de l’entreprise en charge du PTE. En effet, le choix de la SEMOP avec une participation du la DPVa à hauteur 40% laisse craindre une perte de pouvoir de la collectivité locale. De plus, l’intervention d’une partie privée à hauteur de 60% pour le financement du projet laisse à penser qu’elle pourrait légitimement espérer un retour sur investissement lié à l’exploitation du site. Or, cette exploitation étant liée à la valorisation des déchets, elle semble difficilement conciliable avec une politique locale de réduction des déchets, et donc de matière première pour cette exploitation. L’association se demande si la DPVa a renoncé à réduire ses déchets ou si elle compte sur l’importation de déchets d’autres territoires pour assurer un niveau d’utilisation optimal du PTE. Cependant, cette démarche serait en opposition avec l’objectif assumé de réduire les émissions de gaz à effets de serre liés au transport des déchets vers leur lieu de traitement.

L’association a ensuite évoqué la démarche de la DPVa pour mettre en place un Plan Climat Air Energie du Territoire (PCAET). Celle-ci semblait alors afficher une volonté de co-construction avec la population, mais les membres de l’association qui y ont participé ont déploré une communication à sens unique, et une participation citoyenne très limitée (NDLR : les dernières réunions ont donné une part beaucoup plus importante à la participation citoyenne). De plus, jusqu’alors, les premières réunions sur le PCAET n’ont quasiment pas parlé du PTE, si ce n’est en bien (NDLR : la dernière réunion n’a pas esquivé le sujet des déchets. Peut-être que la remarque de l’association a été entendue).

Enfin, cette première partie de la réunion, principalement axée sur la transmission d’information et à la mise en place du contexte, a évoqué une obligation des collectivités territoriales depuis 2012 : le PLPDMA, ou Programme Local de Prévention des Déchets Ménagers et Assimilés. Visant , comme son nom l’indique, à mettre en place des actions pour la réduction de la production des déchets ménagers, elle a bien été amorcé par la DPVa pour une mise en place courant 2022 ou 2023, mais pour l’instant, rien ne semble entériné.

Suite à cette mise en situation, la discussion a pu s’ouvrir à la participation du public pour une séance d’intelligence collective et de débat, ce qui était le but premier de l’association pour cette réunion.

C’est donc une quarantaine de personnes qui étaient réunies pour écouter les différents points de vue sur la gestion des déchets en Dracénie. Parmi cette audience se trouvait aussi Jérôme Brelurut, directeur de la collecte et du traitement des déchets de la DPVa. Il n’a pas été invité spécifiquement par l’association qui était un peu contrariée de n’avoir jamais reçu de réponse de la part de la communauté d’agglomération à ses différentes sollicitations, comme l’a rappelé Valérie Laurent en début de réunion. Néanmoins, sa présence a apporté un débat contradictoire ainsi que des éléments techniques précis. En tant que chef de projet du PTE, il l’a bien entendu défendu, mais avec un discours factuel plutôt que le discours politique que délivrent les élus (n’étant pas élu lui-même). Des représentants du Conseil de Quartier Draguignan Centre-Est étaient aussi présents. Directement concernés par l’implantation du projet de construction, ils ont salué quant à eux les nombreux échanges avec la communauté d’agglomération.

A l’issue des discussions de la soirée, lesquelles se sont déroulées avec passion, mais courtoisie, l’association a reçu de nouvelles adhésions, ainsi que l’engagement de l’ouverture du dialogue avec la DPVa.

Enregistrement de la réunion du 23 septembre 2023 à La Redonne

La soirée s’est ensuite poursuivie par une fabuleuse paella et un concert des Jabroner’s

Vous pourrez écouter le replay d’une partie de ce concert dans La Cigale Part En Live !